De la rhétorique transhumaniste à une réflexion sur les limites de l’IA
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Titre de la conférence
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De la rhétorique transhumaniste à une réflexion sur les limites de l’IA
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Date de la conférence
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25 November 2022
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Résumé
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Bien que peu présent·e·s dans le paysage médiatique, les tenant·e·s du transhumanisme occupent néanmoins une position de pouvoir dans nos sociétés techno-économiques. Ces transhumanistes jouent en effet un important rôle dans les développements technologiques, mais également dans la manière dont les citoyen·ne·s se représentent ces développements : en d’autres mots, les transhumanistes ont le pouvoir de définir le sens et la valeur des technologies actuelles et futures. Leur rhétorique, basée sur un ensemble de stratégies discursives, vise alors à nous persuader du bien-fondé du développement des technologies, de la place qu’elles doivent occuper dans nos sociétés contemporaines ainsi que de la véracité des idées qu’elles soutiennent – tout en omettant un ensemble d’informations essentielles à une compréhension des réels enjeux pour les citoyen·ne·s. Partir de cette rhétorique et d’un certain nombre d’arguments transhumanistes est ici le moyen envisagé afin de réfléchir au sens et à la valeur de l’intelligence artificielle, non pas pour promouvoir une vision dystopique de l’IA, mais plutôt pour la recadrer dans son contexte sociopolitique souvent occulté et évaluer ses limites pour définir un avenir meilleur.
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Citation tirée de la conférence
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« Là où le bas blesse, ce sera le cœur de ma présentation, c'est qu'aux sources de la tromperie du transhumanisme, selon moi, c'est de nous faire croire que l'intelligence artificielle n'est que scientifique, qu'il n'y a pas de contexte idéologique, que le transhumanisme est apolitique. Et, donc, au final, c'est une idée qu'on entend encore souvent, que la technologie est neutre et que, en fait, ça dépend de ce qu'on en fait, qu'il faut qu'on les mette entre les mains des bonnes personnes, mais évidemment, tout est dans le définition de ce qu'est une bonne personne. »
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« Comment on en arrive à ce que cette idéologie du transhumanisme soit occultée : par le pouvoir de la rhétorique. Pour bien comprendre ce pouvoir là, je propose de parler, d'abord, de la personnification parce que c'est probablement la figure de rhétorique la plus forte chez l'humain. C'est-à-dire que le visage humain est la figure visuelle qu'on voit le plus depuis les débuts de l'humanité, depuis que le bébé naît. On a même une zone du cerveau qui est dédié à la reconnaissance des visages. Donc, le visage humain est extrêmement important pour faire sens du monde qui nous entoure. La personnification a un pouvoir rhétorique très fort. Pierre Fontanier (Les figures du discours, 2009) nous dit que la personnification rend une pensée plus sensible, plus riante. Cela rend une espèce d'être réel et physique, douée de sentiment et de vie. Enfin, ce qu'on appelle une personne. »
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« Un troisième topos, c'est évidemment celui du devoir moral et citoyen. Et là, très simple : si on en a les moyens, on doit prévenir les maladies, la vieillesse, la mort. Là, on nous renvoie en disant "Non ? Vous n'êtes pas pour les développements technologiques ? Alors, vous êtes pour la vieillesse, la maladie et la mort." Donc, vous voyez le cul-de-sac intellectuel dans lequel ils nous placent. On se doit d'améliorer la condition humaine pour le bien-être des gens et donc, on doit aller du côté du développement de toutes ces technologies pour participer au mieux-être. C'est notre devoir citoyen. Alors, on va procéder par un argument dit de nivellement. C'est-à-dire que, selon les Lumières, on a toujours voulu travailler dans la direction de réduire les inégalités sociales, mais alors, on se doit de faire de même en réduisant les inégalités biologiques. Ce n'est pas juste que nous ne naissions pas tous avec les mêmes capacités biologiques. Alors, on doit, comme on le fait avec les inégalités sociales, pallier cette différenciation entre les êtres humains avec toutes sortes de techniques telles que l'optogénétique qui est carrément d'aller manipuler nos souvenirs. Alors, si quelqu'un a un stress post-traumatique, on va aller jouer dans ses souvenirs et, comme par magie, il ne souffrira plus. Qui voudrait s'opposer à cela, empêcher quelqu'un de souffrir ? La greffe de corps, avec le fameux docteur Canavero qui s'est fait connaître par une greffe de tête. Le transfert de conscience... puis, finalement, on en arrive toujours au téléversement de l'esprit qui est quand même l'étape ultime : nous serons tous dans le réseau. »
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La création au-delà de l’humain |
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