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Alia: Zǔ tài : Configurations technocorporelles

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Alia: Zǔ tài : Configurations technocorporelles

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Alia: Zǔ tài (2018) est une performance à la croisée du théâtre dansé, de la musique biophysique et de la robotique autonome, qui met en scène trois interprètes humain.es et deux colonnes vertébrales robotiques évoluant dans un espace stérile, structuré par des câbles, des écrans et des circuits imprimés. Les deux prothèses inceranent une agentivité propre. Elles ne sont ni de simples outils ni des extensions instrumentales du corps humain, mais des entités computationnelles capables de percevoir, d'apprendre et d’interagir tactilement avec les performeur.euses.

Les corps humains ne commandent pas les machines, et les machines ne se contentent pas de réagir mécaniquement. Tous deux participent à une configuration corporelle partagée, dans laquelle gestes, tensions musculaires et réponses robotiques forment un réseau relationnel mouvant. Cette configuration est instable, affective, et se construit en temps réel à travers une série de seuils perceptifs — des intensités où le sensible, le moteur et le cognitif s’ajustent l’un à l’autre dans une dynamique d’accordage ou d’hamornisation (attunement).
L’œuvre débute par une interaction intime entre une interprète et une prothèse vertébrale robotique. Ce moment, empreint de lenteur et de soin, révèle déjà une tension implicite : celle d’un affect partagé, d’une co-dépendance fragile. À mesure que les autres corps entrent en scène, l’environnement devient de plus en plus dense — visuellement, auditivement, sensoriellement. Les biocapteurs transforment les impulsions musculaires des performeur.euses en matières sonores. Dans cette économie performative, le corps humain est reconfiguré par les stimulations technologiques autant qu’il les génère. Ce n’est plus le sujet humain qui maîtrise le dispositif, mais un agencement fluctuant où les agents humains et autre qu’humains s’affectent mutuellement. L’interaction ne repose ni sur le contrôle ni sur la prévisibilité, mais sur un apprentissage sensorimoteur qui engage le corps tout entier — physiologie, perception, cognition et affects — dans un processus d’adaptation réciproque. La machine, loin d’être un simple prolongement, agit comme une force extra-personnelle qui contraint, stimule et réoriente le geste.

Alia: Zǔ tài propose ainsi une expérience de l’hybridité radicale. Les corps sur scène deviennent méconnaissables, ni tout à fait humains, ni tout à fait machinés. Ils ne fusionnent pas : ils coexistent dans une tension productive, où l’identité, la forme et la fonction sont continuellement déplacées. Cette hybridité ne répond ni à l’imaginaire dystopique de la domination technologique, ni à l’utopie d’une symbiose fluide. Elle s’inscrit plutôt dans une logique d’expérimentation corporelle, où l’automatisme — entendu non comme perte de contrôle, mais comme mode d’expression émergent — ouvre à de nouvelles formes d’incarnation.

En refusant les dichotomies entre sujet et objet, naturel et artificiel, organique et technique, Alia: Zǔ tài met en crise les représentations normatives du corps, mais aussi celle de la figure traditionnelle du cyborg. Elle explore une corporalité recomposée par la technologie, non pas comme entité finie ou définissable, mais comme champ de forces, d’influences croisées, de devenirs inachevés. Ce que la performance donne à voir, c’est moins une vision de l’avenir que la matérialisation, sur scène, d’un corps autre — fluide, vulnérable, sensible, traversé par des puissances technologiques qu’il n’absorbe pas, mais avec lesquelles il compose.

Contenu à relier / annoter (ressource physique, actant, conceptuelle)

7 Configurations - Alia : Zu tài : Lingling Chen et une des prothèses

A comme contenu relié / annoté (ressource physique, actant, conceptuelle)

Beyond the Cyborg: Performance, Attunement and Autonomous Computation

Performativité

Intelligence artificielle

Automatisation

Capture de mouvement

Immersion

Prothèse

E-mail de la personne ayant créé cette relation / annotation

Julie-Michèle Morin

A comme collection ARCANES

IA, pratiques narratives et arts performatifs