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Hybridations corporelles et critiques technopolitiques dans 7 Configurations (2014-2019)

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Hybridations corporelles et critiques technopolitiques dans 7 Configurations (2014-2019)

Argument de l'annotation

Le cycle de création 7 Configurations, qui rassemble trois performances et deux installations de l’artiste Marco Donnarumma, constitue une étape charnière dans son investigation des formes d’hybridation entre corps humains, animales et machinés. Cette phase expérimentale se distingue par l’emploi de prothèses équipées d’intelligences artificielles, à travers lesquelles l’artiste explore l’imbrication entre entités organiques et systèmes technologiques. Donnarumma s’intéresse tout particulièrement aux zones d’intersection et aux modalités d’encorporation (embodiment) générées par cette cohabitation.

7 Configurations s’articule autour d’une question centrale que Donnarumma pose tant dans sa pratique artistique qu’académique : comment comprendre les effets de l’intelligence artificielle et de la robotique sur les dynamiques de pouvoir, qu’elles soient interpersonnelles ou institutionnelles ? Dans son article Against the Norm: Othering and Otherness in AI Aesthetics (2023), il avance que le complexe de l’intelligence artificielle, c’est-à-dire le monopole idéologique dans lequel s’inscrivent les récits dominants sur l’IA, repose sur une conception normative et prescriptive de la créativité : « these software systems are an expression of the normative power wielded by the industrial-cultural complex that funds, produces and disseminates them ». Donnarumma cherche à déconstruire cette vision prescriptine : « [a] techno-deterministic view where anything that is or can be made countable, like human creativity, can be predicted, hence, controlled » (ibid.). En s’éloignant des esthétiques de l’IA qu’il qualifie de corporatives, Donnarumma tente de concevoir des formes d’intelligence artificielle alternatives, non normatives, voire uncanny.

Dans cette perspective, chaque œuvre du cycle 7 Configurations met à l’épreuve la notion d’encorporation à l’intersection de la corporéité humaine et machinique, jusqu’à effacer progressivement les frontières entre disciplines, agents et matières. La figure de la prothèse joue un rôle central : elle cristallise ce croisement à la fois matériel et symbolique, où toutes les interactions doivent être repensées, tout en révélant les formes de pouvoir, de surveillance, de performativité et de contrôle que les monopoles technologiques exercent sur les corps.

Le cycle comprend les œuvres Corpus Nil (performance), Amygdala (installation), Eingeweide (performance), Alia: Zǔ tài (performance) et Calyx (installation). Chacune de ces créations participent d’une démarche critique qui, selon l’artiste, constitue un « statement on the effects of new technologies on body politics as much as on their transformative potential » (ibid). À travers une recherche artistique située, ce corpus interroge la manière dont les technologies émergentes — loin d’être neutres — façonnent les corps, les affects et les rapports de pouvoir. Pour Donnarumma, la politisation des technologies dans les pratiques artistiques contemporaines n’est plus un choix, mais une nécessité critique. Comme il le souligne : « Today’s ethico-political polarisation and systemic discrimination are, more than ever, reinforced by new technologies. This demands from artists to reflect deeply on their use of technology » (site web de l’artiste).

Dans un contexte où les dispositifs technologiques contribuent activement à la reproduction des inégalités sociales et au renforcement des structures de pouvoir, les artistes sont appelé.es à interroger non seulement les outils qu’iels mobilisent, mais également les régimes de sens que leurs œuvres rendent tangibles. À travers 7 Configurations, Donnarumma met en scène des corps hybridés à des prothèses où la distinction entre les entités demeure volontairement floue. Ces agents techno-organiques, bien que partiellement autonomes, sont constamment placés en situation de vulnérabilité. Ce faisant, l’artiste redéfinit la notion même d’humain, non plus comme une entité stable, souveraine et autonome, mais comme un organisme poreux, dépendant et traversé par des réseaux de pouvoir.

Contenu à relier / annoter (ressource physique, actant, conceptuelle)

Bande-annonce du cycle de création 7 Configurations

A comme contenu relié / annoté (ressource physique, actant, conceptuelle)

Against the Norm: Othering and Otherness in AI Aesthetics

https://7c.marcodonnarumma.com/

Performativité

Intelligence artificielle

Algorithmes

Technologies numériques

Effets de créatures

Métaphore

Mutation

Prothèse

Cyborg

E-mail de la personne ayant créé cette relation / annotation

Julie-Michèle Morin

A comme collection ARCANES

IA, pratiques narratives et arts performatifs