Danser sous instruction algorithmique
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- Danser sous instruction algorithmique
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Dans Plagiary, Alisdair Macindoe délègue délibérément les fonctions traditionnellement humaines de chorégraphe et d’auteur dramatique à une intelligence artificielle. Conçu à partir d’un Large Language Model (LLM) programmé pour générer des requêtes (prompts), le dispositif algorithmique fournit en temps réel une série d’instructions destinées aux interprètes qui doivent les réaliser. Ces directives, formulées sous forme de consignes performatives, sont transmises individuellement aux danseur.euses par le biais d’un système intra-auriculaire (in-ear monitor). Une voix informatisée les invite à réaliser des consignes tels que les suivantes : « Gambadez comme des enfants dans un champ lors d’un repas communautaire de quartier qui se transforme en une surprenante compétition culinaire », « Stop, écoutez ! Faites une séance de yoga inattendue dans un train en mouvement. Un, deux, trois, partez » ou encore « Créez, manifestez… Laissez la danse s’écouler de votre corps ».
Le volume impressionnant des requêtes — entre 600 et 900 durant la performance — souligne le flux ininterrompu de données auquel les corps doivent réagir. Certaines de ces instructions s’adressent à l’ensemble du groupe, d’autres ciblent des individus de façon ponctuelle. Toutes sont simultanément projetées sur un écran surplombant la scène, ce qui permet aux spectateur.ices de percevoir les décalages ou les convergences entre le texte généré et les partitions chorégraphiques improvisées. Pour celleux souhaitant expérimenter la partition chorégraphique sans médiation textuelle, une paire de lunettes spéciales, occultant l’écran, est également mise à disposition du public.
Le spectacle est une opportunité pour le public de réfléchir aux principes de collaborations entre humain.es et intelligences artificielles, de vérifier comment ces requêtes générées par ordinateur, peuvent être encorporés (embody), jouer et déjouer dans l’espace scénique. En ce sens, les principes à l’œuvre dans Plagiary trouvent un écho direct dans les recherches de Lins Derry, chercheure au metaLAB de Harvard, qui propose le concept de data embodiment — ou data kinesthetics Là où la visualisation de données s’arrête souvent à des interfaces bidimensionnelles, Derry propose de « faire descendre les données de la page vers le monde des corps », afin d'en restituer la densité affective, politique et sensorielle. Cette perspective permet de penser autrement l’engagement des interprètes dans Plagiary. Loin de n’être que des interfaces réactives à des consignes générées par IA, les danseur.euses apparaissent comme des agents kinesthésiques, confronté·es à un flux algorithmique constant qu’iels doivent traduire, absorber, moduler et parfois subvertir par leurs gestes. Plagiary illustre la puissance du data embodiment : donner chair à des informations abstraites, reterritorialiser le numérique dans le vivant, explorer les potentialités du corps comme interface sensible dans un monde de plus en plus datafié. - Contenu à relier / annoter (ressource physique, actant, conceptuelle)
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Plagiary - Instructions textuelles et passage dialogué
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Plagiary - Lunettes portées par le public
- A comme contenu relié / annoté (ressource physique, actant, conceptuelle)
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Alisdair Macindoe’s Plagiary
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Data embodiment: approaching the body as a choreographic medium for performing abstract data
- Intelligence artificielle
- Algorithmes
- Danse
- Performativité
- Chorégraphie
- Brouillage des sources de l'information
- Information overload
- Complexité
- Dramaturgie générative
- E-mail de la personne ayant créé cette relation / annotation
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Julie-Michèle Morin
- A comme collection ARCANES
- IA, pratiques narratives et arts performatifs
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Plagiary | Event |
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