L’ordinateur en tant qu’interprète, le code en tant que partition
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- L’ordinateur en tant qu’interprète, le code en tant que partition
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Dans Hello Hi There (2010), Dorsen propose une forme plutôt radicale de théâtre automatisé qui met en scène la production de langage naturel sans convoquer de présences humaines au plateau. L’actorialité du langage est ici déplacée, mais surtout remise en question. Sur scène, deux ordinateurs portables – des MacBooks installés sur une surface de gazon synthétique – incarnent des chatbots qui dialoguent en temps réel à l’aide d’algorithmes de génération de texte. Le point de départ de ces conversations est une phrase tirée du célèbre débat télévisé de 1971 entre le philosophe Michel Foucault et le linguiste Noam Chomsky : « The pursuit of this discussion I fear will inevitably lead to the question of meaning ».
Ce cadre de référence philosophique, dont la nature humaine était l’objet centrale de débat, sert de matrice à un échange automatisé qui se renouvelle à chaque représentation. À l’arrière-plan, une vidéo muette du débat original est diffusée sur un vieux moniteur cathodique, alors que les deux machines engagent un dialogue qui combine des fragments issus de bases de données exclusivement textuelles : commentaires tirés de la plateforme de partage de contenus audiovisuels YouTube, extraits des œuvres du dramaturge William Shakespeare, et quelques éléments langagiers propre aux assistants vocaux contemporains comme Siri ou Alexa. Dorsen a également nourrit les jeux de données de ses chatbots avec des notes personnelles ainsi que des réflexions issues de conversation entre elle et le programmeur derrière ces intelligences artificielles. La performance dure entre 45 et 50 minutes – la durée du débat d’origine – et chaque itération produit un texte inédit, sans narration fixe, mais structuré par une forme de dramaturgie émergente.
Par ce dispositif, Dorsen interroge à la fois la nature de la performance en direct (liveness) et le rôle du langage comme vecteur d’humanité. En attribuant aux machines le rôle d’interprètes, elle détourne les codes traditionnels du théâtre pour explorer ce que signifie jouer à l’ère des intelligences computationnelles. Ici, le code devient script, et l’ordinateur, interprète. L’absence d’acteur.ices humain.es ne diminue en rien la théâtralité de la proposition ; au contraire, elle la renforce par le trouble qu’elle installe chez les membres du public : Qui parle ? Qui pense ?
Cette mise en scène des dimensions procédurales des intelligences artificielles met en lumière un avertissement formulé par James Briddle : il nous faut désormais apprendre à naviguer dans un monde où les réalités, bien qu’elles soient générées par des humain.es, dépassent les capacités cognitives et émotives d’un seul individu.
- Contenu à relier / annoter (ressource physique, actant, conceptuelle)
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Débat sur la nature humaine entre Noam Chomsky et Michel Foucault (1971) [matériaux du spectacle Hello Hi There]
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Hello Hi There - Scénographie du spectacle
- A comme contenu relié / annoté (ressource physique, actant, conceptuelle)
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Procedural Drama : Miriam Felton-Dansky on the theater of Annie Dorsen
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New Dark Age : Technology and the End of the Future
- Théâtre
- Intelligence artificielle
- Dramaturgie générative
- Algorithmes
- Brouillage entre le vrai et le faux
- Fragilisation des régimes d'authencité
- Reconstitution
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Julie-Michèle Morin
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- Dramaturgie générative et intelligence artificielle
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