La scène comme site d’expérimentation pour la recherche en robotique
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La scène comme site d’expérimentation pour la recherche en robotique
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Depuis le début des années 2000, le metteur en scène japonais Oriza Hirata collabore étroitement avec Hiroshi Ishiguro, fondateur de l’Intelligent Robotics Laboratory à Osaka. Ce partenariat exemplaire entre un artiste et un roboticien a donné lieu à la création d’« actroïdes », une catégorie spécifique de robots humanoïdes conçus pour des usages scéniques. Ces dispositifs visent à simuler l’apparence humaine tant visuellement que comportementalement, et leur insertion dans des environnements théâtraux sert de catalyseur à l’augmentation de leurs capacités interactionnelles et communicationnelles.
Dans ce contexte, la scène devient un espace d’essai hybride, entre laboratoire technologique et lieu de représentation. Comme le souligne Peter Eckersall, les enjeux dépassent largement le seul cadre de la création artistique : « [t]he utilitarian science work of roboticists can be applied to Ishiguro’s actroids and his singular interest that theatre functions as both a communication experiment and an improvement regime for his robot creations » (2015 : 130). Le théâtre devient ainsi un terrain d’essai privilégié pour tester les potentialités expressives et relationnelles des technologies robotiques, à travers une approche incarnée de la communication. Comme le souligne Izabella Pluta, le travail d’Oriza Hirata repose sur une collaboration étroite avec des scientifiques, dans le but d’intégrer les robots sur scène non pas comme accessoires ou effets spéciaux, mais comme de véritables partenaires de jeu. Le théâtre, dans ce cadre, dépasse sa fonction symbolique traditionnelle : il devient un espace d’expérimentation concret, où sont testées les capacités expressives de prototypes robotiques. Geste, parole, présence — autant de dimensions qui, au contact de la scène, deviennent des objets d’étude partagés entre art et science.
Ishiguro lui-même envisage cette démarche dans une logique de mimétisme : « Ishiguro believes that the robot can be exactly human-like; ‘it’s simply a matter of making better actors, that is, closely able to mirror human gestures and quirks’ » (Eckersall 2015 : 129). Cette quête de ressemblance, telle que l’analyse Zaven Paré, vise à instaurer une forme d’harmonie entre humains et robots. Elle met en lumière les processus d’assemblage, de désassemblage et de reconfiguration des modes de représentation des présences humaines (2014). À ce sujet, le nom même du robot (Geminoide F), dérive du latin geminatio — signifiant « jumeaux » — et incarne cet imaginaire de la duplication, où le robot devient la translation robotique de l’humain.e « source ».
Cependant, transposé au théâtre, cet idéal de mimétisme absolu peut apparaître limité, voire réducteur. Viser l’indistinction entre robot et humain revient à inscrire la recherche robotique dans une logique de substitution ne relève-t-il pas davantage de la recherche industrielle ? Le théâtre, en tant qu’art de la présence et de la relation, n’offre-t-il pas au contraire un espace propice à l’accueil de l’altérité machinique ? Il permet de valoriser non pas la ressemblance, mais l’irréductibilité des comportements robotiques — leur rythme, leur étrangeté, leur expressivité propre. - Contenu à relier / annoter (ressource physique, actant, conceptuelle)
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Sayonara - Geminoid F. et l'interprète humaine Bryerly Long
- A comme contenu relié / annoté (ressource physique, actant, conceptuelle)
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The Art of Being Together with Robots: A Conversation with Professor Hiroshi Ishiguro
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Towards a Dramaturgy of Robots and Object-Figures
- Théâtre
- Robot
- Double
- Scientifique
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Julie-Michèle Morin
- A comme collection ARCANES
- IA, pratiques narratives et arts performatifs
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