Carnet de controverses en temps de Covid : pour une autre communication de crise en santé
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- Titre de la conférence
- Carnet de controverses en temps de Covid : pour une autre communication de crise en santé
- Conférencier
-
Manuel Zacklad
- Date de la conférence
- 2 December 2022
- Résumé
- Dans cet article nous présentons une enquête qui croise ethnographie en ligne et ethnographie engagée sur le réseau Linkedin. Nous commençons par présenter une typologie « anthropo-épistémique » des postures de recherche pour préciser l’approche qui est la nôtre dans l’étude des groupes subalternes que nous avons observé sur ce réseau social. Nous décrivons ensuite quatre espaces de controverses actifs liés à la gestion de la crise du Covid-19 et à la communication à son égard : controverses liées à l’importance de l’épidémie, à l’interdiction des traitements, à la pertinence des mesures sociales telles que confinement national et couvre-feux et enfin, l’imposition des passes sanitaire et vaccinal. L’analyse de ces controverses, dont les protagonistes sont souvent des experts du domaine sans rapport avec la vision caricaturale du complotiste ignare et malfaisant, montre que les méthodes classiques de communication en santé, basées sur des méthodes persuasives, sont inopérantes et tendent même à produire l’effet inverse de celui recherché. Nous plaidons pour une « communication de crise épistémique » basée sur l’intelligence coopérative du public, des médiateurs, des spécialistes et des scientifiques, qui ouvre des espaces d’expérimentation et de débat à toutes les échelles où les échanges sont possibles.
- Est relié à une autre conférence du séminaire
- L’étude des controverses : littéracie des fake news et formation à l’esprit critique
- Humanisme numérique pour manipuler des connaissances entre confiances intimes et numériques
- Hyperstition, spéculation et complot : schizoanalyse des imaginaires conspirationnistes
- Citation tirée de la conférence
- « Quelques réflexions sur quel type de communication de crise alternative, comme je vous l'avais annoncé. Déjà, ce qui m'a marqué, parce qu'il y a beaucoup de littérature en communication de santé, c'est que là, on était vraiment dans une situation totalement inédite que j'ai décrite comme étant caractérisée par le fait qu'on était face à des "conflits de narratif total" . C'est à dire que classiquement, quand on déploie des politiques de santé publique, on essaie de faire adopter à la population des comportements bénéfiques. Par exemple, il faut faire de l'exercice, il faut consommer moins de sucre ou il faut moins fumer, il faut moins boire. Finalement, on a des dizaines et des dizaines d'années d'observation des effets de l'exercice sur la santé ou du tabac sur les poumons. D'ailleurs, tous les fumeurs le sentent. Je veux dire, au bout d'un moment, si vous êtes un grand fumeur à deux paquets par jour, ce sont des choses qu'on peut partager, sur lesquelles on peut débattre. Cela relève d'une forme d'évidence partagée. La communication institutionnelle, elle essaie d'amener les gens à changer leur comportement. Il y a donc une sorte d'opposition entre des politiques qui sont centrées sur la communication persuasive et les "nudges" et d'autres qui sont plus participatives. On va dire "il faut aider les usagers à s'approprier de nouveaux comportements en les faisant réfléchir sur qu'est-ce que cela induit sur leur santé ou sur leur ressenti corporel. Mais là, ce n'est pas ça ! On n'est plus du tout dans ce cadre là. On était vraiment, et on est encore dans l'incertitude. Probablement dans dix ans, on y verra vraiment clair. »
- « Dans l’expectative de logique pragmatiste de la communication transactionnelle, donc ce n'est pas l'objet de l'évoquer, mais qui est la mienne et qui justifie l'approche de la communication de crise épistémique, l'émergence d'une crise doit s'accompagner du renforcement du rôle des publics et impliquer plus de démocratie pour plus d'efficacité collective et pas de moins de démocratie. Nous, au début de la crise, on avait des gars qui venaient nous expliquer que c'était un défaut, une faiblesse des sociétés occidentales, la démocratie, par rapport à la Chine. Parce que quand il y a une épidémie, c'est beaucoup mieux un régime totalitaire. »
- collection
- Écosystème socio-numérique
- URL de la capsule de la conférence
- https://youtu.be/Wf09WNqcthI
- Est relié à la séance
- Désinformation dans les écosystèmes socionumériques et dans les arts trompeurs
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Puissances du faux, artifices et stratégies de tromperie | Collection |
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