Les paradoxes du documentaire dans les « arts trompeurs »
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Titre de la conférence
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Les paradoxes du documentaire dans les « arts trompeurs »
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Date de la conférence
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2021-10-22
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22 October 2021
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Résumé
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Les perspectives qui se multiplient depuis le « turn fatigue » (Grusin) ont, entre autres effets, recentré la réflexion sur les agentivités, particulièrement dans le monde des « arts trompeurs ». La pensée intermédiale, en se concentrant sur les dynamiques de la médiation et sur ses supports, avait ouvert la voie à cette révolution agentielle qui est au fondement même des théories actuellement associées aux Nouveaux matérialismes. Les « arts trompeurs », dont les arts vivants et arts de la représentation ainsi que les pratiques qui leur sont associées, qu’on a souvent approchés en fonction de leur rapport à la réalité ou à la question complexe de la crédulité/crédibilité/creditability, révèlent une dynamique beaucoup plus complexe des agentivités qui y interviennent. On y constate que les critères habituels de transparence et d’opacité, de fidélité ou d’infidélité s’avèrent assez peu opérants.
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résumé ChatGPT
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La conférence débute avec une présentation sur les "arts trompeurs", un concept évolué et ironique. La discussion se concentre sur la correspondance entre ces arts et le monde socio-numérique, soulignant des différences malgré des similarités. Le concept historique des "arts trompeurs" remonte au XVIIe siècle, avec une esthétique illusionniste. L'évolution des médias contemporains soulève des questions sur la tromperie et la vérité, notamment dans un contexte de "post-vérité". Les arts trompeurs historiques et contemporains activent nos sens et suscitent des questions sur la perception et la réalité. Les nouvelles technologies de simulation remettent en question la distinction entre réalité et virtuel. La méfiance envers la vérité est illustrée par des exemples historiques et contemporains. La conceptualisation de la vérité est problématique, car elle dépend du cadre interprétatif et des intentions des agents médiatiques. Les différences entre les arts trompeurs historiques et numériques nécessitent un réexamen pour comprendre les régimes de confiance et de croyance. La présentation explore divers aspects de la médiation théâtrale et artistique, ainsi que la question de l'authenticité dans le contexte numérique. Elle aborde également la manière dont les arts trompeurs, tels que le théâtre, peuvent éclairer les dynamiques des mondes sociaux numériques. Enfin, elle utilise l'exemple de Lascaux pour illustrer comment la médiation peut créer une expérience satisfaisante même lorsque l'objet lui-même est une reproduction.
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Citation tirée de la conférence
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« Bien sûr, comme les arts trompeurs, les puissances du fake jouent sur les ressorts de l’illusion pour séduire les foules et leur faire vivre des émotions fortes fondées sur un vaste éventail de ressentis, de l’émerveillement à la colère. Mais alors que les arts trompeurs aujourd’hui affichent, dans la vaste majorité des cas, leur recours à l’illusion, les puissance(s) du fake semblent l’occulter. La situation actuelle révèle en effet une rupture majeure entre ces deux sphères illusionnistes. Le système qui fournit des repères partageables, tout en assurant l’évolution de ce qu’on peut considérer vrai, n’est plus uniformément opérant. Comme si la littératie acquise par le public dans le champ des arts trompeurs restait embryonnaire dans celui de l’informationnel. Les arts trompeurs, qui ne trompent plus grand monde, dans la plupart des cas, révèlent en creux la nécessité d’accélérer cette littératie terriblement lacunaire dans le monde socionumérique actuel. »
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« Et même au sein du public en général, le concept de vérité n’a plus le pouvoir de ralliement qu’il avait, en raison justement des abus font il a été l’objet de la part de ceux mêmes qui s’en faisaient les champions. Qu’on pense aux comportements de certains prêtres catholiques, ou à cette mémorable présentation […] devant l’ONU du secrétaire américain à la défense Colin Powell, qui a fait basculer la diplomatie internationale en 2003 à partir d’images floues présentées comme des preuves incontestables – comme une vérité, donc – de la présence d’imposantes quantités d’armes de destruction massive en territoire iraquien, ce qui a évidemment lancé la deuxième guerre d’Iraq. »
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« À cet égard, on peut même avancer que la crise qui secoue le monde socionumérique, et à laquelle les médias de masse font puissamment écho en ce moment, peut être pensée comme une manifestation régressive, comme un retour à un système traditionnel, celui des oppositions binaires, où des nouvelles vérités se substituent aux anciennes, alors que les arts trompeurs sont, eux, centrés sur l’indiscernable. Les spécialistes du patrimoine, confrontés à la nécessité de distinguer ce qui est patrimonial de ce qui ne l’est pas, de ce qui ne le serait pas, ont eux aussi assez vite compris que la vérité était une construction, et non pas un donné indépendant. »
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