Gouvernementalité algorithmique

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Titre de la conférence
Gouvernementalité algorithmique
Conférencier
Thomas Berns
Date de la conférence
19 March 2021
Résumé
L’intervention traitera de la question des fakes en se positionnant théoriquement dans une perspective relevant d’abord de la philosophie politique, plus particulièrement sous l’angle d’une concurrence des normativités, et parmi ces dernières dans le cadre de l’interaction entre FN et gouvernementalité algorithmique, avec le prétendu retour d’un positivisme qui accompagne celle-ci.
résumé ChatGPT
La conférence aborde la problématique des fake news et de la gouvernementalité algorithmique. Thomas Berns reconnaît son manque d'expertise mais tente de mettre des mots sur ces phénomènes. Il souligne la fusion entre vérité et registre pénal dans la lutte contre la désinformation. Il critique la focalisation sur l'intentionnalité et propose une responsabilité sans faute. Il aborde également la notion de gouvernementalité algorithmique, soulignant son caractère automatisé et décisionnel, ainsi que son impact sur la subjectivation. Par la suite, il explore trois temps dans le contexte de la gouvernementalité algorithmique et de la production de normes. Le premier temps concerne la récolte et la conservation massive des données, conduisant à la création des Big Data. Ce processus élimine la possibilité du consentement, essentiel pour la subjectivation. Le deuxième temps porte sur le traitement automatisé des données pour produire du savoir basé sur des corrélations, sans nécessité de formulation d'hypothèses préalables. Le troisième temps examine les effets de ces normes sur les comportements individuels et collectifs, soulignant la subtilité de l'action normative qui modèle l'environnement plutôt que de contraindre directement les comportements.
Citation tirée de la conférence
« Il s'agit, en utilisant ce mot "algorithmique" pour qualifier la gouvernementalité en question, il s'agit seulement de pointer le fait que cette gouvernementalité se développe sur un mode automatisé, à la différence des pratiques classiques de statistiques. En gros, on pourrait appeler ça une gouvernementalité statistique, sauf que nous voulons qualifier ainsi un certain type de pratique statistique, à savoir des pratiques statistiques automatisées, et ce faisant, il ne s'agit pas d'entrer dans une réflexion sur le caractère artificiel de l'intelligence ou la possibilité même d'une intelligence artificielle, ce n'est pas du tout cela qu'on veut pointer, c'est tout simplement le fait que cette automatisation des pratiques statistiques a pour conséquence la possibilité de traiter des données en quantité massive, tout simplement. Autre élément qu'il s'agissait ainsi de pointer ou sur lequel il s'agissait de mettre le doigt en qualifiant cette gouvernementalité d'algorithmique : le fait qu'elle était de nature essentiellement décisionnelle, et non pas descriptive. »
« Dans ces trois temps, ce que j'ai voulu montrer c'est ce que j'ai appelé cette minorisation, cet affaiblissement [...] de toutes possibilités d'épreuve subjective, qui va aussi avec, dès lors, une réconciliation de ce qui était d'une certaine manière la tension ou la tragédie inhérente à toute forme de gouvernement, à savoir la tension entre son caractère sérialisant – gouvernement des populations – et son caractère individualisant; désormais, ça peut parfaitement être mixé. [...] En décrivant ceci, mon but est non pas évidemment de montrer que ça gouverne de manière objective, mais de montrer comment ça gouverne, et comment ça gouverne d'autant plus intensément. C'est plutôt de décrire une intensification des possibilités de gouvernement, ce que j'ai fait là, pensant que ce diagnostic doit permettre au contraire de récupérer des possibilités de subjectivation. »
« Il me semble évident qu'il s'agit de refuser quelque part ce que j'ai appelé une certaine pénalisation de la question de la vérité, pour refuser de sombrer dans ce puits sans fond de l'intention, pour considérer que ce ne sont pas justement des intentions malveillantes qui justifient le phénomène en question, quitte à mettre des présidents de la République derrière. Le phénomène des fake news s'explique sur un mode beaucoup plus critique évidemment en analysant les phénomènes de répétition, les phénomènes de reproduction, par exemple grâce à des algorithmes de recommandation qui peuvent être quasi considérés comme les producteurs des fake news, c'est-à-dire en enlevant cette pente pénalisante, cette pente de l'intention malveillante qui se trouverait derrière les fake news, mais pour prendre en considération le fait que ramener ce phénomène-là à l'intention malveillante, au geste de manipulation ou à la figure grimaçante d'un président de la République, ramener cela en niant en quelque sorte l'infrastructure dans laquelle ça s'élabore ça consiste précisément à s'exonérer, dès lors de devoir prendre en considération le fonctionnement de la gouvernementalité algorithmique en question, c'est-à-dire son fonctionnement essentiellement citationnel. [...] Il me semble que le subjectivisme apparent qui prévaut au phénomène des fake news est précisément ce qui empêche de le percevoir dans son fonctionnement citationnel et d'entamer dès lors la critique de ce que j'ai appelé la gouvernementalité algorithmique. »
Bibliographie de la conférence
La gouvernementalité
URL de la capsule de la conférence
https://www.youtube.com/watch?v=gSdnSZKcjj4

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