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Hello Hi There (Extrait du spectacle et glossaire)
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Plato, Procedures, and Artificial Everything
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Talk about "A Piece of Work" : A Group Self-Interview
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sys.begin to sys.exit: Software Performs "A Piece of Work"
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Of Theatre and Algorithm
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The Algorithmic Spectator: Watching Annie Dorsen’s Work
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The Sublime and the Digital Landscape
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“ Would You Like to Have a Question?”
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From Author to Data Processor in Postdramatic Theatre: Crash Testing the Classics? Annie Dorsen’s algorithmic Hamlet-adaptation
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Algorithms and Performance: An Introduction
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Coil Festival: 5 Questions About Hello Hi There
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Procedural Drama : Miriam Felton-Dansky on the theater of Annie Dorsen
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MacArthur Fellowship goes to director Annie Dorsen for 'algorithmic theater'
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Technologies, écologies et illusions de maîtrise
Bien que programmé pour « prendre soin » des cultures de reishi, le système robotique de l’installation agit selon des critères statistiques issus de l’analyse algorithmique de données environnementales. Cette logique d’optimisation, inscrite dans les mécanismes automatisés, illustre les limites du care lorsqu’il est délégué à des systèmes techniques. La décision d’allouer des ressources (lumière) repose ici sur une rationalité instrumentale qui tend à naturaliser une illusion de maîtrise : celle d’un système capable de réguler, de manière neutre et efficiente, les besoins d’un écosystème complexe.
Pourtant, cette artificialisation des processus naturels révèle ses propres paradoxes. En dirigeant l’attention — et la lumière — vers certaines colonies de champignons identifiées comme prioritaires, le dispositif perturbe l’équilibre global de l’écosystème : les autres champignons, attirés par la source lumineuse, tendent à croître dans une direction qui déséquilibre la dynamique initiale. Ce phénomène met en évidence la manière dont l’intervention technologique peut générer des effets secondaires inattendus, amplifiant parfois les inégalités d’accès aux ressources au sein même du vivant non humain.
La coexistence d’organismes vivants et d’entités techniques dans ZOE interroge profondément la notion de care. Celui-ci n’est plus le privilège d’un agent humain, ni même d’une conscience intentionnelle, mais devient une propriété distribuée d’un système hybride. Le soin est ici délégué à la machine, programmée pour « prendre soin » du reishi en ajustant la lumière selon ses besoins physiologiques. Pourtant, ce care automatisé révèle ses paradoxes : en modulant les apports lumineux, le système robotique provoque une forme de compétition entre les réseaux fongiques, chacun luttant pour capter la ressource précieuse que constitue la lumière. Cette dynamique introduit une tension écosystémique, où le soin dispensé à certains agents se fait au détriment d’autres, redistribuant les rapports de pouvoir et d’accès au sein du milieu vivant.
Ce constat invite à réinterroger le concept de care dans une perspective posthumaine, en tenant compte de ses implications politiques et économiques. Maria Puig de la Bellacasa rappelle que si l’on considère le care uniquement sous l’angle des affects, on risque d’en évacuer la charge politique inhérente à ces pratiques. Le soin est un travail, historiquement associé à des formes d’exploitation matérielle et humaine, notamment dans les sociétés capitalistes où il a souvent été relégué à des classes ou des groupes marginalisés (de la Bellacasa, 2017). La chercheure propose ainsi de penser le care à travers la tension non résolue entre ses dimensions affectives et ses dimensions structurelles, en soulignant : "Instead of focusing on the affective sides of care (love and affection, for instance), or on care as work of maintenance, staying with the unsolved tensions and relations between these dimensions helps us to keep close to the ambivalent terrains of care. There are situations when care work involves a removal of the affective—we ask, then, why would a paid care worker have to involve affection in her work? This is crucial because we have to consider how care can turn into moral pressure for workers who might rightfully want to preserve their affective engagement from exploitations of waged labor" (de la Bellacasa, 2017 : 6).
En proposant cette scène de soin algorithmique, ZOE révèle l’ambiguïté d’une écologie technologique qui articule, de manière simultanée, soin et contrôle, autonomie et artificialisation, attention et instrumentalisation. L’œuvre agit alors comme un révélateur critique des tensions inhérentes à l’automatisation du care, tout en offrant une méditation sur les possibilités — et les limites — de la communication interespèce à travers des systèmes machinés.
En cela, Zoe ne se contente pas de proposer une esthétique du vivant assisté par la machine ; elle problématise les conditions de possibilité de l’écologie automatisée dans un monde traversé par des logiques technocapitalistes. La performance écosystémique qu’elle incarne met en lumière une écologie performée, où l’intelligence artificielle devient un outil d’administration du vivant, mais aussi un miroir des contradictions de notre rapport à la nature, à la technique et à l’idée même du « soin ».
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Principes de communication interespèce
Les artistes affirment qu’avec cette œuvre, iels ont souhaité explorer les modalités d’une communication interespèce entre organismes vivants et dispositifs techniques, en s’appuyant sur des découvertes récentes relatives aux capacités communicationnelles des champignons. Des études scientifiques ont démontré que certaines espèces fongiques, dont le reishi, échangent des informations via des impulsions électriques, formant un réseau mycélien fonctionnant comme un système de transmission. Pourtant, le sens précis de ces signaux échappe encore à la compréhension humaine. Cette absence de connaissance sur le reishi ouvre un espace spéculatif que les artistes investissent. En ce sens, ZOE fonctionne comme un laboratoire artistique où s’expérimentent les conditions d’un dialogue entre un réseau fongique et une entité robotique autonome. Le dispositif repose sur l’analyse en temps réel des données environnementales émises par le mycélium (taux de CO₂, humidité, température), auxquelles le bras robotisé répond en ajustant l’exposition lumineuse des cultures. À travers ces échanges, une communication opérationnelle s’instaure : les comportements biologiques du reishi influencent le mouvement du robot, et réciproquement, les actions du robot modulent la croissance des fructifications fongiques. En ce sens, ZOE explore les corrélations entre les comportements des reishi et ceux du système robotique, dans une logique d’ajustement mutuel, suggérant que l’ensemble forme un système de soin réciproque, où les entités techniques et biologiques coexistent en interdépendance.
Cependant, cette artificialisation des processus naturels soulève plusieurs interrogations. Lorsque la régulation automatique simule des interactions « naturelles », que devient la nature même de l’écosystème ? ZOE rend visible une forme d’écologie technologiquement médiée, où les cycles de croissance, d’échange et d’adaptation sont conditionnés par des infrastructures de collecte et de traitement de données, ainsi que par des algorithmes d’analyse. Ce faisant, l’œuvre met en évidence l’ambivalence de ces dispositifs : ils créent des conditions favorables à la symbiose, tout en imposant un cadre artificiel qui détermine les règles d’interaction.
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Performance écosystémique
L’installation Zoe (2022) peut être lue à travers le prisme de la performance écosystémique, une notion qui permet de désigner des dispositifs artistiques qui mettent en scène des principes écologiques. En ce sens, l’œuvre de Noor Stenfert et Amir Bastan propose un microcosme où les interactions entre agents biologiques (le reishi) et agents technologiques (le bras robotique, les capteurs, et l’IA) instaurent une forme d’autonomie systémique, qui semble se passer de l’intervention humaine directe. Cette création peut être comprise comme une « scène-milieu », c’est-à-dire un espace de performance où le fond et la forme converge pour pointer les enchevêtrement propres à l’écologie de ce milieu.
Ce faisant, dans Zoe, le système se régule lui-même grâce aux mécanismes d’analyse et de traitement de données assurés par l’intelligence artificielle, qui ajuste le comportement du bras robotisé en fonction des besoins identifiés des champignons. Cette relative autonomie pourrait faire croire à un fonctionnement « naturel », comme si l’œuvre performait elle-même les idéaux de l’écosystème autorégulé, exempt de toute exploitation humaine. Pourtant, derrière cette apparente écologie technologique se dissimulent des paradoxes majeurs, caractéristiques de l’automatisation contemporaine : le coût énergétique et écologique de la maintenance de ce système est loin d’être négligeable. L’alimentation en énergie électrique, l’utilisation de ressources comme l’eau pour assurer le climat contrôlé des vivariums, et la fabrication des capteurs et du bras robotique reposent sur des infrastructures industrielles lourdes. Enfin, le soin apporté aux champignons reishi est-il pensé pour leur bien-être durable, ou se limite-t-il à la temporalité de l’exposition et aux besoins du dispositif artistique ? Le geste artistique pose donc une question cruciale : dans quelle mesure une installation qui simule un fonctionnement écologique repose-t-elle sur des logiques extractivistes bien réelles ?
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Système fongique et soin robotisé
L’œuvre Zoe (2022), conçue par l’artiste Noor Stenfert en collaboration avec Amir Bastan, constitue un exemple significatif d’une approche élargie du care robotisé, Le tandem d’artistes propose de reconfigurer un cadre de performance anthropocentré en posant en dialogue des agents autres qu’humains : un dispositif robotique et une culture mycologique.
Alors que certaines technologies robotiques sont généralement mobilisées dans le domaine agricole pour optimiser la production et assurer la pérennité des ressources, cette œuvre propose une reconfiguration de ces outils dans une perspective sensible et éthique, attentive à la cohabitation avec le système fongique. Prenant la forme d’une installation vivante, Zoe met en scène une interaction éphémère entre des cultures de champignons reishi et un dispositif robotique. Alors que les technologies robotiques sont parfois mobilisées dans le domaine agricole pour optimiser la production et assurer la pérennité des ressources, cette œuvre propose une reconfiguration de ces outils dans une perspective sensible, voire attentive à la cohabitation avec le vivant fongique.
Développée dans le cadre d’une résidence au Productiehuis Theatre à Rotterdam, Zoe rassemble, au sein d’un cube vitré, un ensemble d’agents technologiques et biologiques. Plusieurs terrariums abritent des mycéliums de reishi en pleine croissance, tandis qu’un bras robotisé, équipé d’une source de lumière artificielle, se déplace lentement au-dessus des cultures. Ce bras, guidé par des capteurs et des caméras, collecte en continu des données environnementales précises sur le taux de CO₂, le niveau d’humidité et la température à l’intérieur des vivariums. Ces informations sont ensuite analysées pour déterminer, de manière probabiliste, les zones où l’apport lumineux est le plus nécessaire à la croissance du mycélium. En exploitant la sensibilité phototropique du reishi, les artistes permettent aux champignons de croître et de s’orienter vers cette lumière mobile, créant ainsi une dynamique d’échange où la technique s’ajuste aux besoins du vivant. L’intelligence artificielle joue ici un rôle clé en assurant le traitement et l’interprétation des données récoltées. Elle permet au système robotique de prendre des décisions autonomes, affinées par l’apprentissage des variations observées dans les comportements mycéliens au fil du temps. Dès lors, l’IA devient un agent de médiation et d’ajustement, contribuant à instaurer une forme de technocare, où le soin n’est plus dirigé vers l’humain.e, mais vers une entité vivante autre, le champignon.
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ZOE - Live Stream de la performance
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ZOE - Installation du dispositif lors du Ars Electronica Festival en 2023
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ZOE - Cultures mycologiques soigné par un bras robotisé
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ZOE - Hydratation des cultures de reishi
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ZOE - Processus de création du dispositif
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ZOE : Questions of More-than-Human Collaborations
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Matters of Care. Speculative Ethics in More than Human Worlds
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Entangled Life : How Fungi Make our Worlds, Change our Minds & Shape our Futures
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Let's Become Fungal ! Mycelium Teachings and the Arts: Based on Conversations with Indigenous Wisdom Keepers, Artists, Curators, Feminists and Mycologists
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Bacteria to AI: Human Futures with our Nonhuman Symbionts
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ZOE - Bande annonce de l'œuvre Zoe
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ZOE - Culture de reishi et bras robotisé
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ZOE - Installation mycologique et bras robotisé
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ZOE - Focus sur le reishi
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Amir Bastan
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Noor Stenfert Kroese
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Sayonara et le robot du futur
Le robot est en silicone, ceci est une metaphore du capitalisme. Ce qui nous renvoie a la crise du care.
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Uncanny
La peau siliconne et personnage traitée comme une vraie personne
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L'IA comme sujet et motif dramaturgique
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Dramaturgie générative et intelligence artificielle
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Sayonara - Captation du spectacle Sayonara
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Interview with Oriza Hirata, Playwright, about the Difference between Robots and Humans. Why Do People Fear Technology?
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Oriza Hirata - Sayonara ver.2
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Robots sur scène : (En)jeu du futur / Sayonara ver. 2 / Les Trois Soeurs version Androïde
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Sayonara version 2 et Les Trois sœurs version Androïde d’Oriza Hirata
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La Métamorphose version androïde d'Oriza Hirata
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Androïdes et robots savent jouer aussi et émouvoir
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IA et robotique dans la performance théâtrale
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L’IA comme performeur.euse ou interlocuteur.trice conversationnel
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Écriture dramatique et performance textuelle générées par l’IA
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Sayonara
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/18196
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Plagiary
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/18530
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Hello Hi There
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/18376
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Une vie intelligente
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/18697
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Of Balls, Books and Hats
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/18486
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Uncanny Valley
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/17959
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ZOE
https://edisem.arcanes.ca/omk/s/miara/item/17473
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TEST 2
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TEST - Une stupidité artificielle ?
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Ceci est un argumentaire allant dans le sens de ma pensée.
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Julie-Michèle Morin
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Bande-annonce du spectacle i/O
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Bande-annonce - Une vie intelligente
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Une vie intelligence - scène chorale avec le public
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Vallée de l'étrange